Stephen King Kong
Alors il faut savoir qu'en ce moment
en ce moment j'écris un nouveau polar
un truc super destroy fucking trash punk destroy
puisqu'on voit comme ça un mec qui tue une fille en rue
comme ça paf
complètement gratuitement
brrr
et c'est super trash destroy parce que
pendant au moins cent pages
on voit comment il la tue
la scène dure vraiment des plombes et des plombes
vu que la fille a du mal à mourir
hop le mec lui bouffe une partie de l'estomac
il se met le reste de l'estomac comme bonnet sur la tête
et pendant les vingt pages suivantes
on le voit s'encourir à poil dans la ville
avec son bonnet
(mon livre c'est un grand livre sur la ville en fait)
(et sur l'amour)
bon
tout ça, c'est le premier chapitre
le titre c'est
"mise en bouche"
brrr
mais il faut savoir qu'à un moment donné
dans le deuxième chapitre
qui s'intitule :
"philosophons !"
soudain
on se rend compte que le mec
le héros de l'histoire
hé bien il est en fait complètement bourré !
(mais c'est pas clairement dit dans l'histoire)
on le voit pendant plusieurs dizaines de pages
qui se promène en ville
à poil
et il prend un type en laisse
un passant bureaucrate
et donc ce qui se passe
c'est que dans le deuxième chapitre
on les voit se balader comme ça dans l'histoire
le type à poil qui a mangé une partie de l'estomac de la fille tuée
et le bureaucrate à quatre pattes en laisse à côté de lui
brrr
là ce qui se passe
c'est que pendant un moment quand même assez long
genre plus ou moins quatre-vingt pages
hé bien ils se vouvoient très poliment
ils ont des dialogues très polis, très cultivés
et à un moment donné le mec à poil dit :
"je veux être une femme, et donc je tue comme ça pour me passer mon envie."
ils philosophent là dessus un moment
un moment quand même assez long puisque ça dure quand même quatre-vingt pages
et après quatre-vingt pages de philosophie ardue
le bureaucrate demande :
"est-ce que je pourrais me relever s'il vous plaît ?"
l'autre répond :
"non !, enlève plutôt tes vêtements et donne-les moi !"
brrr !
le héros de l'histoire met les vêtements du bureaucrate
et pendant plusieurs longues dizaines de pages
on le voit continuer sa pérégrination dans la ville.
Là, à ce moment-là
blam !
c'est le chapitre trois qui commence
tout à coup
sans prévenir
on voit le mec de l'histoire
on le voit arriver
débonnaire
mine de rien
bureaucrate
il arrive devant une bouche de métro
et dans le livre franchement je dois dire que cette scène-là
cette scène de la rentrée du mec dans la bouche du métro
hé bien c'est vraiment une scène charnière de l'histoire
c'est vraiment une scène que j'ai vachement soignée
elle dure pas longtemps dans le livre
genre maximum huit pages
mais elle est vraiment hyper bien décrite
puisqu'on voit
(ça se passe en hiver)
le soleil se lever
en même temps que le mec
pénètre
dans la bouche de métro
brrr !
arrivé dans la bouche de métro
il voit une femme bureaucrate
une femme très très belle
une femme belle comme une pub
dont la description
prend au moins quinze pages
le mec se met à discuter poliment avec elle
ils discutent bureau en marchant direction la bonne rame de métro
ils marchent, ils discutent, ils marchent
et juste quand le métro arrive
blam !
le mec prend la femme dans ses bras
et se jette sous le métro avec elle.
Bon évidemment dans le chapitre quatre
nommé : "love"
dans le chapitre quatre ça devient intéressant
puisqu'ils sont grièvement blessés
grièvement blessés mais
contre toute attente
pas complètement morts
ils sont couchés là comme ça
sur la voie du métro
complètement bousillés
pendant au moins
au moins vingt pages
le mec est couché sur la femme bureaucrate
et la regarde
il la regarde et il dit:
"je veux te faire un enfant"
paf !, fin de chapitre !
Alors évidemment dans le chapitre cinq hé bien
tout bonnement
on est neuf mois plus tard
ils sont toujours à l'hôpital
et on se rend compte que la femme accouche
et donc on se rend compte
que le mec avait réussi
à planter sa semence dans l'ovule de la femme
du temps où ils étaient couchés tous les deux par terre sous le métro !
mais la femme est complètement bousillée
sa mâchoire est complètement bousillée
elle arrive plus à parler
ses bras sont complètement bousillés
ses jambes aussi
et elle est complètement défigurée
et donc on se rend compte
qu'elle a pas trop envie en fait de s'occuper de son nouveau-né
et donc le nouveau-né est là à l'hôpital
et on se rend compte que c'est le mec
le héros de l'histoire
qui va prendre l'enfant.
Brrr !
Dans le chapitre six
hop il prend l'enfant
il l'emmène à la maison
il l'installe et s'en occupe pendant
au moins soixante longues pages
et plus tard dans le livre
on se rend compte qu'il retourne à l'hôpital
pour replanter encore de la semence dans l'ovule de la femme
qui encore plus tard dans l'histoire
réaccouche
et ainsi de suite
ainsi de suite pendant
des dizaines et des dizaines de pages.
Du coup ce qui se passe c'est que
au chapitre sept
nommé : "un bon père de famille"
hé bien le mec finit par avoir plein d'enfants autour de lui
il se met a avoir une compulsion à faire des enfants
et là on se rend compte
à un moment donné
que pour lui
dans sa tête
hé bien il a une sorte d'idéal
une sorte de vision de l'absolu qui est :
1 spermatozoïde = 1 enfant.
Brrr !
Bon à ce moment-là c'est le chapitre huit qui commence
nommé : "la fiction du réel"
et c'est là que ça devient sordide en fait
puisque le mec se tape un délire
qui est de faire croire à ses enfants
que leur vie
leur vie toute entière
c'est d'être des personnages de roman
il leur fait croire
que la maison où ils habitent
est en fait le roman
que le mec construit avec sa semence
et donc il dit à ses enfants des phrases du genre :
"vous êtes mes personnages de roman"
pendant plus de dix pages
ensuite, pendant genre huit/neuf pages
il leur sort des phrases du style :
"mon roman est un polar glauque trash destroy et fuck"
et donc ses enfants sont là
dans sa maison-roman
et ils vivent dans la maison
ils sortent jamais de la maison
pendant des pages et des pages et des pages
et encore des pages
ils se montent les uns sur les unes
et les uns et les unes sur les autres
et le héros de l'histoire les regarde faire
il se dit, en toute toute fin de chapitre :
"putain génial mon roman, il bouge tout seul".
Dans le chapitre neuf
le mec est toujours dans sa maison
avec sa multiplicité toujours croissante
de personnages de roman
il s'endort au milieu de ses personnages de roman
qui lui font des soins
(à cause de tous les problèmes liés à l'accident avec le métro)
et il se dit
dans un brouillard mental que je prends soin de décrire
de façon vraiment hyperréaliste
il se dit juste avant de s'endormir:
"putain c'est trop bon ici"
que tout bascule
puisqu'il prend une fille
lui enfonce de la semence
et pendant une bonne partie du livre
qui est à proprement parler
la partie la plus authentiquement sexuelle du livre
on le voit qui enfonce, enfonce et enfonce encore sa semence
dans plein d'autres personnages de roman
il féconde ses personnages de roman
il les féconde et les féconde encore
et à sa suite les personnages mâles se mettent à féconder les personnages femelles
pendant vraiment très très longtemps
c'est vraiment très très sexuel.
Arrivé au chapitre dix
il commence à y avoir tellement de corps
dans la maison-roman du mec
qu'ils sont obligés de se marcher dessus
quand ils ont faim
ils bouffent de l'enfant
c'est l'autarcie complète
on ne mange plus rien d'autre
on ne boit plus rien d'autre
on ne fait plus rien d'autre que de
marcher sur de l'enfant écrasé
et ça
ça c'est vraiment super glauque et trash
parce que ça pue quand même fort en fait
et il y a beaucoup beaucoup de bruit
il y a vraiment beaucoup de bruit
à cause de tous ces accouchements tout le temps
et à cause des tueries aussi
il y a aussi beaucoup de semence qui circule
et d'ovules qui s'ouvrent
les personnages de roman jouissent souvent
dès qu'ils ont une minute de libre ils s'accouplent et font des enfants
pendant tout le long long temps
que dure le chapitre dix
qui est vraiment un chapitre
interminablement long.
A la fin ça se termine expérimental
parce que le mec dit à ses personnages de roman :
"pour la fin du roman
j'opte pour une mise en scène
qui consiste à me faire décapiter
puis que ma tête soit
immédiatement propulsée
à toute vitesse dans les airs
puisqu'il est bien connu que les têtes des décapités
continuent de voir et de penser etc.
pendant quelques temps après la coupure"
et il leur explique :
"je voudrais voir l'endroit de ma mort
mais vu du ciel
et je voudrais voir mon corps nu
courir encore quelques secondes puis s'écrouler
le tout vu du ciel"
il leur explique tout ça
tout ce dispositif
et durant toute la fin du chapitre onze
on voit les personnages de roman
s'habiller avec la peau de personnages déjà morts
sortir prendre l'air dans la ville
et partir à la recherche d'une équipe de scientifiques
qui accepterait de fabriquer
un dispositif technologique qui permettrait
qu'une lame coupe la tête du mec de l'histoire
tandis qu'il court nu
puis que sa tête soit envoyée dans les airs
et qu'elle retombe
mais genre quelques minutes plus tard
venue du ciel
en plein dans le public de personnages de roman.