Ad lib.
Les mutantistes créent des logiciels et greffons de pensée, des
générateurs de formes. (Et bien sûr directement des oeuvres !).
Ils ne créent pas seulement des gestes supplémentaires à l'intérieur
des formes existantes, mais sont à l'affût (de façon
consciente et méthodique) de nouvelles combinaisons ; l'attitude
mutantiste est génératrice de concepts et formes, consciente de
l'intérêt mais aussi de l'artificiel, la réalité uniquement conventionnelle,
l'arbitraire (sans raison d'être objective) des formes,
catégories, et genres existants dans les champs de la littérature
et de l'art.
Le mutantisme dit que de nouvelles catégories, de nouvelles
classifications, et de nouvelles formes vont naître, que certaines
sont déjà là (nées) depuis longtemps mais désignées par des
mots du passé qui ne leur correspondent pas (ainsi les deux
mots « roman » ou « poésie » apposés sur toute chose écrite
« littéraire » : le mot roman ne signifie plus grand chose et est
apposé sur les couvertures pour vendre à un public craintif,
faible, peu audacieux). Le poids de la tradition conformiste
réfrène la morphogénèse mutantiste et cherche à ramener tout
ce qui émerge vers ce qui est déjà, par paresse intellectuelle et
inanité de regard.